États-Unis: deux ans après, l'abrogation du droit à l'IVG ne fait plus consensus chez les Républicains

Deux ans après l’abrogation du droit constitutionnel à l’avortement aux États-Unis en juin 2022, les militants anti-IVG ne baissent pas les armes. Une vingtaine d'États ont interdit totalement ou presque les IVG, pour un résultat plutôt paradoxal. Le nombre d'avortements augmente depuis deux ans à l'échelle nationale et l'interdiction de l'IVG ne va plus de soi chez les Républicains. Les militants antiavortement enragent et se sentent même lâchés par l'ex-président Donald Trump, en pleine campagne présidentielle.

Le 24 juin 2022, la Cour suprême américain a annulé l’arrêt Roe V . Wade de 1973, laissant à chaque État américain le soin de légiférer en matière d’interruptions volontaires de grossesse (IVG). Une vingtaine d'entre eux a légiféré pour restreindre ou interdire l'IVG, même si la majorité des États démocrates continuent de préserver le droit à l'avortement. La Floride, elle, a interdit toute interruption volontaire de grossesse après six semaines .

À Miami, le fervent militant antiavortement Willy Guardiola reçoit dans son salon, où trône une immense statue de Saint-François d’Assise, rapporte notre correspondant à Miami, David Thompson. Pendant 15 ans, le fervent catholique s’est battu pour faire interdire les IVG. Alors, le 24 juin 2022, l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade a sonné pour lui comme une consécration.

Pourtant, depuis, Guardiola déchante. Car paradoxalement, le nombre d’IVG est en augmentation aux États-Unis. Les femmes voulant avorter voyagent là où elles peuvent encore y avoir recours, souvent à l’aide d’ONG : « Ici, l’interdiction après 6 semaines est entrée en vigueur le 1er mai, mais qu’est-ce que ça change ? Ils envoient des femmes enceintes de 8, 10 et 12 semaines par avion vers six autres États pour avorter ! », s'exclame le Floridien. Et en pleine campagne présidentielle, il désespère.

Restriction des IVG impopulaire même chez les républicains, Trump lui-même rétropédale

Car même chez les conservateurs, l’annulation du droit fédéral à l’avortement reste impopulaire. Du coup , Donald Trump rétropédale. Le candidat républicain a même critiqué l’interdiction des IVG après 6 semaines de grosses en Floride, au grand dam de Guardiola, fondateur du groupe des Pro-Life pour Trump :

« C’est très dur pour moi en tant que président des Pro-Vie Pour Trump de voir le Président Trump refuser une interdiction nationale à 15 semaines, se lamente-t-il. Ou quand il dit qu’une interdiction après six semaines est, je cite, "trop dure". En fait, il essaie de glaner le maximum de votes, mais quand il sera à la Maison Blanche j’espère qu’il interdira l’avortement partout ».

L’avortement reste un immense enjeu de cette élection présidentielle américaine. En particulier en Floride, où son interdiction après six semaines grossesse fera l’objet d'un référendum le même jour que l'élection présidentielle. Sur leurs bulletins, les Floridiens pourront, en plus de choisir leur dirigeant, décider s'ils veulent un retour, ou non, du droit à l'avortement tel qu'il était en juin 2022.