Nouvelle-Calédonie: un homme tué par un tir de gendarme, dixième mort dans l'archipel français
- Ludeny Phedjyna Eugene
- 12 juil. 2024
- 2 min de lecture

En Nouvelle-Calédonie, les violences qui secouent l’archipel depuis le 13 mai dernier ont fait une nouvelle victime mercredi 10 juillet, portant à 10 le nombre de morts. Un homme tué par un tir de riposte des forces de l’ordre à la tribu de Saint-Louis, un fief indépendantiste. En réponse, dans la nuit, une école a été incendiée, des barrages remontés sur certaines routes, mais ces faits sont restés relativement contenus. L'identité de la victime y est peut-être pour quelque chose.
Rock Victorin Wamytan, dit « Banane », 38 ans, membre de la famille d'un dirigeant kanak de Nouvelle-Calédonie, a été tué mercredi à l'est de Nouméa dans un échange de tirs avec les gendarmes. La dixième victime depuis le début des violences qui déchirent la Nouvelle-Calédonie . Le résident du secteur de la tribu kanak de Saint-Louis, a été mortellement blessé par un tir à proximité de l'église de la mission de Saint-Louis, a précisé le procureur de la République de Nouméa, Yves Dupas.
Le militaire a fait « usage de son arme de service » dans une action de riposte à une attaque « caractérisant un péril imminent pour ses camarades et lui-même », a ajouté le procureur. Deux enquêtes ont été ouvertes par le parquet, l'une pour tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique, la seconde pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. « À ce stade de l'enquête, et sous réserve des investigations en cours, l'hypothèse d'une action de légitime défense pourrait être privilégiée au vu des circonstances ayant amené le gendarme à faire usage de son arme de service », estime Yves Dupas.
Vols à main armée et catholiques chassées
Le genre de situation à même de jeter de l'huile sur le feu dans ce contexte de très vives tensions dans l'archipel. Pourtant, à part l'incendie d'une école et des barrages sur certaines routes, ce qui reste mesuré comparé à ce que le « Caillou » a pu connaître depuis mai dernier, pas de regain de tension majeur. La raison est-elle à chercher du côté de l'identité de l'homme abattu ? Rock Victorin Wamytan était soupçonné d’être l’auteur d’une dizaine de vols de voiture à main armée depuis le 30 juin dernier. Des faits commis sur la route qui passe devant la tribu de Saint-Louis, là où les militants indépendantistes ont installé des barrages, relate notre correspondante à Nouméa, Charlotte Mannevy. Avec plusieurs comparses, l’homme avait aussi chassé il y a quelques jours les sœurs de la mission catholique et s’étaient installés dans les locaux ainsi que dans le presbytère voisin d’où la bande harcelait le voisinage et les forces de l’ordre.
Petit cousin du président indépendantiste du congrès, « Banane » avait effectué plusieurs séjours en prison, notamment pour son rôle dans les violentes émeutes qui avaient secoué la tribu en 2016, après la mort d’un jeune tué au cours d’un contrôle routier. Père de famille, militant indépendantiste radical, mais aussi incontrôlable, Rock Victorin Wamytan est « un mort de trop » dans une île de 270 000 habitants déjà bien trop endeuillée. Mais il est aussi le symbole de cette poignée de jeunes Kanak que les séjours répétés dans une prison notoirement surpeuplée et insalubre ont fini de désocialiser.







Commentaires