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Législatives en Syrie: le scrutin devrait renforcer le parti Baas du président Bachar el-Assad

  • Photo du rédacteur: Ludeny Phedjyna Eugene
    Ludeny Phedjyna Eugene
  • 16 juil. 2024
  • 3 min de lecture
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Les électeurs syriens élisent leurs députés au Majlis Al-Shaab, le Parlement syrien, ce lundi 15 juillet. C’est le quatrième scrutin du genre depuis le début de la guerre civile en 2011. Il est systématiquement dominé par le parti Baas au pouvoir. Des élections sans grand suspens donc, mais qui permettent de prendre conscience du morcellement du pays après plus d’une décennie de guerre.


Le scrutin organisé par les autorités à Damas n’aura lieu que sur une portion du territoire syrien. Puisque le régime de Bashar el-Assad ne contrôle que 70% du pays.


Au nord-est, de vastes étendues sont administrées par les autorités semi-autonomes kurdes. Au nord-ouest, la région d’Idleb, elle, qui s’est réduite comme peau de chagrin sous les offensives de l’armée syrienne et de son allié russe, est sous contrôle du groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham. Et enfin, au nord du pays, des groupes armés proches de la Turquie ont la main sur un petit territoire frontalier.


Au sein même du territoire contrôlé par le régime de Damas, l’annonce de ces élections a relancé le mouvement de contestation au sud dans la ville druze de Suweida qui tient tête au pouvoir de Bashar el-Assad et a annoncé boycotter le scrutin. De son côté, l'opposition syrienne en exil dénonce des élections «absurdes » qui « ne représentent que l'autorité au pouvoir ».


Il faut le rappeler, en 2020, lors du dernier scrutin législatif, seuls 33% de Syriens s’étaient déplacés aux urnes, près de deux fois moins qu’en 2016. Et puis, ces élections se feront sans les voix des plus de 5 millions de réfugiés syriens, privés de leur droit de vote, après avoir fui leur pays en proie à une guerre sans fin et la violence du régime de Bashar el-Assad.


2024, une année de la « crise de la gouvernance »


Le scrutin devrait renforcer le parti Baas du président Bachar el-Assad . Mais il met également en évidence le morcellement du pays. Des élections municipales ont même été organisées par le parti islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) au pouvoir dans la région d'Idleb. Au nord-est, les autorités kurdes tentent également d'organiser leurs élections municipales dans le but de ratifier une nouvelle Constitution. 


Pour Arthur Quesnay, chercheur en sciences politiques affilié à la Sorbonne, joint par téléphone depuis Raqqa par Oriane Verdier du service international de RFI, « l'année 2024 est celle d'une crise de la gouvernance dans l'ensemble de la Syrie, soit le côté régime dans les zones tenues par HTS à Idleb, et même dans les zones du nord-est syrien gérées par les forces kurdes. Une crise de la légitimité qui oblige ces trois différents acteurs à recourir aux urnes pour essayer de redorer leur blason et regagner en crédibilité aux yeux de la population en engageant des acteurs locaux, en les faisant rentrer quelque part dans leur propre système. »


Arthur Quesnay ajoute : « On est face à trois systèmes administratifs complètement différents et ce à quoi on assiste en Syrie, c'est une guerre d'usure entre les trois zones », note-t-il « L'État syrien est dans un état catastrophique. Les salaires ne sont quasiment plus payés. L'État est en pleine fragmentation alors que dans les zones de l'opposition – soit HTS, soit les zones kurdes dans le nord-est syrien –, les deux groupes parviennent à administrer leurs populations plutôt mieux que dans les zones du régime. »


Une tentative de normalisation ratée


Ces élections sont une manière de légitimer Bachar el-Assad alors que la tentative de normalisation de la Syrie avec les autres pays de la région est un échec.


« Le régime tente de se normaliser. La Ligue arabe l'a réintronisé mais c'était surtout une tentative de normalisation amorcée par l'Arabie saoudite qui tentait de prendre un peu le lead sur le monde arabe », pointe Arthur Quesnay. « En réalité, cette normalisation est allée nulle part. Le régime n'a fait aucune concession et reste sur ses positions extrêmement dures par rapport aux autres pays de la région. Le régime tient grâce à l'aide militaire russe et iranienne.


Les Iraniens ont reformaté tout le système de sécurité du régime syrien qui maintenant est dans une politique stratégique de privatisation de l'économie, de l'eau, de l'électricité, de l'ensemble des secteurs de l'État syrien. »

Puis Arthur Quesnay poursuit : « De cette manière-là, en fait, si l'État syrien s'effondre, le régime lui arrive à se maintenir, c'est-à-dire la clique au pouvoir avec des forces de sécurité qui quadrille le territoire, pousse la population au départ, et finalement avec cette politique du pire le régime arrive bon gré mal gré à tenir un peu comme le régime de Saddam Hussein a tenu à partir de 1991 malgré l'embargo qui a perduré sur l'Irak jusqu'en 2003. »


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