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Législatives en France: à 48h du second tour, quels scénarios pour dimanche?

  • Photo du rédacteur: Ludeny Phedjyna Eugene
    Ludeny Phedjyna Eugene
  • 6 juil. 2024
  • 3 min de lecture

À partir de ce soir minuit et jusqu'à dimanche 20h, on ne pourra plus parler de politique sur RFI. Nous entrerons dans la période de réserve électorale avant le second tour des législatives. Avant de jouer au « roi du silence », voyons les rapports de forces et les enjeux de ce scrutin d'ores et déjà historique. 


Majorité relative ou absolue pour le Rassemblement national ?


Le RN est, au vu des rapports de force, la seule formation à pouvoir obtenir une majorité. Même si on ne peut écarter un énorme retournement de situation (Le Nouveau Front populaire est présent dans un nombre suffisant de circonscriptions tout comme le camp présidentiel), le parti de Marine Le Pen devrait gagner avec ses alliés venus des Républicains (Ciotti) au minimum près de 200 sièges, ce qui serait déjà un séisme puissant.


On basculerait dans le gigantesque, si le RN obtenait 289 députés, synonymes de majorité absolue et donc d'entrée au gouvernement de l'extrême droite pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. 


Ce scénario n’est toutefois pas le plus probable. Cette perspective s'est éloignée après les nombreux désistements de candidats engagés dans les plus de 300 triangulaires. 


Ces accords entre le camp présidentiel et la gauche, qui ont retiré à eux deux plus de 200 candidats, pourraient priver le RN d'une trentaine de sièges décisifs. Même si des surprises peuvent toujours avoir lieu dans certaines circonscriptions. Le RN a réalisé des percées historiques au premier tour, notamment en Bretagne, où la première fois de l’histoire l’extrême-droite a qualifié des candidats au second tour.


Des inconnues demeurent


Parmi les facteurs difficiles à prévoir : les fameux reports de voix. Les électeurs de gauche, notamment de La France insoumise, vont-ils se porter massivement sur un candidat macroniste ? Il y a des cas typiques. Comme dans le Calvados où l’ex-Première ministre, Elizabeth Borne , bénéfice du retrait d'un candidat LFI pour espérer battre le RN. Mais rien n’indique que le report de voix se fasse vers Elisabeth Borne, outrageusement critiquée par LFI au moment de la réforme des retraites adoptée en 49-3.


Dans le cas inverse, même incertitude. Comme en Seine-Maritime où un candidat Horizons s'est retiré au profit de l'insoumise, Alma Dufour. Le président du parti Horizons, l’ancien chef du gouvernement Edouard Philippe, a appelé à ne voter ni pour le RN, ni pour La France Insoumise.


Il faut ajouter à cela, la participation incertaine. Même si, le caractère exceptionnel de la situation a motivé les électeurs la semaine dernière. Les prévisions sondagières donnent cependant un ordre de grandeur à peu près similaire avec 68 % de votants attendus dimanche.


Se méfier des projections en sièges


De nombreux sondages sont publiés cette semaine en prenant en compte les désistements de l’entre-deux-tours. Ils ne sont cependant fondés que sur des reports de voix hypothétiques. Ils sont difficiles à mesurer avec précisions : il y a 501 scrutins différents, dont 90 présentés comme incertains (Ils se joueront grosso modo à 51/49 entre deux candidats).


Enfin, une jurisprudence, très récente, invite à la plus grande précaution. Lors des législatives 2022, les derniers sondages publiés à deux jours du vote attribuaient moins de 50 sièges au Rassemblement national. Le RN en a finalement obtenu 89 dans les urnes. C'était déjà, à l'époque, une sérieuse secousse. 


Les enjeux en questions : Est-ce que le front républicain sera efficace ou bien sera-t-il submergé par la vague RN, assez impressionnante la semaine dernière ?  Dans le cas où le RN est en majorité relative sera-t-il loin ou proche des 289 sièges ? S’il en est proche, cela laisserait la place à une coalition avec des députés de droite pour diriger le gouvernement. Dans le cas inverse, d'un nombre trop faible de députés RN, qui gouvernera ? Comment forger une coalition entre perdants ?


Ça ne s'est jamais vu sous le Ve République conçue précisément pour que le fait majoritaire s'impose. Ce brouillard d'été ne se dissipera donc que dans la soirée de dimanche.

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