Le Chili cherche à concilier l'exploitation de ses mines et ses objectifs de neutralité carbone

Il y a quelques jours, le président chilien, Gabriel Boric, en visite officielle en Allemagne, a participé à un forum économique pour renforcer la coopération sur des sujets comme l’énergie verte ou encore l’exploitation minière durable. Le pays andin cherche des investisseurs et des connaissances techniques pour développer à la fois l’exploitation de son cuivre et de son lithium de la manière la plus écologique possible, et en parallèle accélérer sa sortie du charbon, puisque le Chili vise la neutralité carbone d’ici 2050.

Le gouvernement chilien a de grandes ambitions écologiques, mais l’économie du pays repose en grande partie sur l’exploitation minière. Ce dossier est au coeur de la tournée européenne du président Boric et de ses ministres.

Le Chili est le premier producteur mondial de cuivre . Le secteur minier pèse lourd dans l’économie du pays, l’année dernière il a contribué à environ 12 % du PIB. Mais c’est un secteur qui pollue beaucoup et qui est très énergivore. En 2022, les mines de cuivre ont consommé plus de 30 % de l’énergie totale du pays.

Malgré les avancées technologiques, les exploitations minières nécessitent toujours plus d’énergie à cause notamment du vieillissement des mines ou encore du manque d’eau qui conduit à la construction d’usines de dessalement de l’eau de mer, elles aussi très énergivores. À cela s’ajoute l’ambition chilienne de devenir le premier producteur mondial de lithium .

Accélération de la transition énergétique

Pour maintenir, et même accroître son activité minière, tout en gardant son objectif « neutralité carbone », le Chili accélère sa transition énergétique. En 2019 le pays a lancé son Plan de décarbonation. Sur les 28 centrales à charbon que comptait le Chili, 9 ont été fermées à ce jour. Et le pays s’est fixé comme objectif de fermer les 19 autres d’ici 2040. En parallèle, le Chili développe aussi massivement le solaire et l’éolien. L’année dernière la part des énergies renouvelables dans la matrice énergétique chilienne a atteint les 63 %. Et le secteur minier n’est pas en reste, selon la Commission chilienne du cuivre, en 2022, 67 % de l’électricité utilisée provenait de sources renouvelables.

Cette décarbonation a aussi des conséquences. Sur le plan social, que fait-on des centaines d’emplois directs ou indirects liés aux centrales à charbon ? Et comment accompagne-t-on les personnes qui pendant des années ont vécu autour ces centrales ultra toxiques, et qui souffrent aujourd’hui de maladies ? Le gouvernement chilien n’a pas toutes les réponses. Et puis, le pays fait aussi face à autre un défi de taille, le transport et le stockage de l’électricité issue d’énergies renouvelables. Le Chili manque d’infrastructures et les projets qui existent pour y remédier font souvent face à l’opposition des habitants.