La Lituanie vote la sortie de la convention sur les armes à sous-munition et alarme les ONG
- Ludeny Phedjyna Eugene
- 13 juil. 2024
- 2 min de lecture

La Lituanie s'apprête à quitter la convention d'Oslo contre les sous-munitions. Le Parlement lituanien a adopté jeudi 11 juillet, en première lecture, une proposition de loi du gouvernement pour se retirer de ce traité. Une décision vivement contestée par les ONG. Mais le pays juge qu'il n'a pas d'autre choix pour se défendre en cas d'invasion par la Russie.
Selon Handicap International, une bombe à sous-munitions est « remplie de minibombes ». Elle peut se présenter sous la forme d' «un obus, une roquette, un missile… largué par avion ou voie terrestre. Il s’ouvre en vol et libère les sous-munitions ». Le principal problème réside dans la précision quasi nulle de cette technique, dont presque 100% des victimes recensées sont des civils, et dans le danger à long terme puisque presque la moitié des bombes n'explosent pas, toujours selon l'ONG.
Alors forcément, pour Handicap International, lorsque la Lituanie décide de vote son retrait de la convention d'Oslo interdisant la fabrication, l'utilisation et le stockage de cette technologie, c'est un recul sans précédent. Jamais un des 124 États signataires n'avait encore quitté ce traité international depuis sa signature en 2008. « Ça crée un précédent extrêmement inquiétant, ça affaiblit le traité et on a peur que cela fasse tache d'huile », s'inquiète Anne Héry, chargée de plaidoyer au sein de l'ONG, interrogée par Julien Chavanne, du service International de RFI.
Elles sont utilisées très largement par les Russes en Ukraine
Mais la Lituanie affirme avoir besoin de ces armes à sous-munitions face à la menace russe. D'autres pays européens ont d'ailleurs fait le choix de garder ces outils mortels dans leur arsenal. « La Roumanie, la Finlande, la Pologne avaient toujours dit qu'ils se reconnaissaient dans les buts humanitaires, mais que vu leurs enjeux de sécurité, ils ne pouvaient pas signer cette convention », explicite Stéphane Audrand, consultant en risques internationaux.
Un discours repris par les autorités lituaniennes, pour voter la loi de retrait de la convention. « Donc les Lituaniens disent que vu l'évolution du contexte stratégique, ils ont vraiment besoin de ces armes-là et de pouvoir travailler avec les Américains qui amènent ces armes-là, expose Stéphane Audrand. Parce que ces armes sont des multiplicateurs de force et on voit qu'elles sont utilisées très largement par les Russes en Ukraine . »
Mais pour Anne Héry d'Handicap International, c'est une mauvaise raison. « C'est un argument qui n'est pas valable, rétorque-t-elle. Ça n'a pas empêché l'Ukraine d'être envahie par la Russie. Tous les chiffres, toutes les données montrent que 95% des victimes sont des civils. Donc non, il n'y a aucune utilisation raisonnable des armes à sous munitions ». Handicap International compte faire pression sur les parlementaires lituaniens d'ici au vote final le 18 juillet.







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