Israël: neuf soldats interpellés pour des mauvais traitements présumés sur un détenu de Gaza
- Ludeny Phedjyna Eugene
- 1 août 2024
- 2 min de lecture

L'armée israélienne a annoncé lundi 29 juillet l'interpellation de neuf soldats dans le cadre d'une enquête ouverte pour des mauvais traitements présumés sur un détenu dans un centre de détention où sont incarcérés des Palestiniens de Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre dernier.
Un porte-parole de l'armée a confirmé à l'AFP que neuf soldats avaient été « interpellés pour être interrogés » dans le cadre de cette affaire.
Selon des médias israéliens, le détenu est un Palestinien qui aurait été victime de mauvais traitements dans le centre de détention de Sde Teiman, situé dans le désert du Néguev, dans le sud d’Israël .
Le porte-parole avait déclaré auparavant que l'enquête avait été ouverte « à la suite de soupçons de mauvais traitements importants sur un détenu du centre de détention de Sde Teiman », sans autre précision.
L’affaire a aussitôt pris une tournure politique, explique notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. Les ministres d’extrême droite Itamar Ben Gvir et Betsalel Smotrich ont publiquement estimé que les soldats méritaient d’être pleinement soutenus. Au parti ultra-orhodoxe Shass, on parle d’une vision sinistre. « C’est une distorsion morale qui part des décisions de la Cour suprême », a lancé le ministre de la Justice.
Des Israéliens, parmi lesquels le député ultra-nationaliste Zvi Sukkot, se sont également précipités devant le centre de détention en signe de soutien aux soldats. Certains ont essayé d'y pénétrer par la force avant d'être repoussés par la police, selon des images diffusées par la télévision israélienne. Un peu plus tard, la télévision a diffusé des images d'autres manifestants rassemblés devant la base militaire où les soldats interpellés étaient interrogés par les enquêteurs.
« Torture généralisée »
De hauts responsables israéliens, notamment le Premier ministre Benyamin Netanyahu , et le chef de l'armée, le général Herzi Halevi, ont condamné ces manifestations spontanées. « S'introduire dans une base militaire et y troubler l'ordre est un comportement grave qui n'est en aucun cas acceptable, a dénoncé Herzi Halevi dans un communiqué. Nous sommes en pleine guerre et des actions de ce type mettent en péril la sécurité de l'État », a-t-il ajouté. Le Premier ministre a, lui, « fermement condamné l'intrusion dans une enceinte de l'armée israélienne », en référence au centre de détention, appelant à un retour au calme, selon un communiqué publié par son bureau.
Le centre de détention de Sde Teiman a été aménagé pour y incarcérer des Palestiniens arrêtés dans la bande de Gaza après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée le 7 octobre après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien.
À la mi-juillet, Amnesty International avait exhorté Israël à cesser de placer « au secret » des Palestiniens de Gaza et de les soumettre à une « torture généralisée » dans ses geôles.
L'ONG avait indiqué avoir recueilli des informations sur 27 Palestiniens qui ont été détenus et qui ont tous rapporté à Amnesty avoir été soumis à des actes de torture et à d'autres « traitements cruels, inhumains ou dégradants ». L'armée israélienne avait rejeté ces allégations.
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