Grand échange de prisonniers entre la Russie et les Occidentaux dont le journaliste Evan Gershkovich
- Ludeny Phedjyna Eugene
- 3 août 2024
- 3 min de lecture

Le Kremlin et les Occidentaux se sont accordés sur un grand échange de prisonniers, dont la libération de plusieurs Américains. Parmi eux, le journaliste du Wall Street Journal Evan Gershkovich détenu en Russie depuis 2023, rapportent jeudi 1er août des médias américains. La Turquie affirme avoir coordonné à Ankara un échange de vingt-six prisonniers.
Cet accord, qui semble être l'un des plus importants depuis la Guerre froide, prévoit également la libération de l'ex-Marine Paul Whelan, selon CNN, tandis qu'ABC rapporte que d'autres pays occidentaux sont impliqués dans cet échange. La Turquie a coordonné à Ankara un échange de vingt-six prisonniers entre la Russie et plusieurs pays occidentaux, a annoncé jeudi la présidence turque.
La présidence turque affirme dans un communiqué que cet échange a impliqué l'échange « des personnes provenant des prisons de sept pays différents (États-Unis, Allemagne, Pologne, Slovénie, Norvège, Russie et Biélorussie) », précisant que sept avions ont participé au transport des prisonniers.
Cet échange de prisonniers serait le premier entre Moscou et les Occidentaux depuis la libération en décembre 2022 de la joueuse américaine de basket Brittney Griner détenue en Russie pour une affaire de stupéfiants contre celle du célèbre trafiquant d'armes russe Viktor Bout, emprisonné aux États-Unis.
Il n'y a eu pour l'instant aucune confirmation de la part de responsables américains. Pour l’instant, les spéculations vont bon train. Des sources russes affirment qu’en échange deux espions russes arrêtés et condamnés à de la prison en Slovénie ont été libérés. Les époux Artem et Anna Dultsev auraient regagné la Russie en passant par Kaliningrad au bord de la baltique, avant de rejoindre Murmansk dans le nord du pays. Un échange qui pourrait en annoncer d’autres.
On parle en Russie de la libération et du départ pour les pays occidentaux de plus d’une dizaine de prisonniers politiques, parmi lesquels Vladimir Kara-Murza qui purge une peine de 25 ans de prison pour avoir discrédité l’armée russe. Une information que ce matin encore, le Kremlin se refusait à commenter, mais qui risque de se matérialiser dans les heures qui viennent, indique Jean-Didier Revoin, notre correspondant à Moscou.
Des pressions américaines pour la libération d'Evan Gershkovich
Les États-Unis ont fait pression sur Moscou pour obtenir la libération du journaliste du Wall Street Journal, Evan Gershkovich, condamné le 19 juillet en Russie à 16 ans de prison à l'issue d'un procès expéditif pour « espionnage », une accusation jamais étayée.
C'est le 30 mars 2023 que le reporter avait été arrêté en plein reportage sur l'économie de guerre. Depuis, Evan Gershkovich a été condamné pour espionnage. Son seul espoir de libération reposait sur un échange de prisonniers.
L'ONG Reporters sans frontières s'est dite ce jeudi 1er août « immensément soulagée » de la libération possible du journaliste américain Evan Gershkovich, condamné en Russie, et qui ferait partie d'un grand échange de prisonniers conclu entre Moscou et l'Occident, selon des médias américains.
« Nous sommes immensément soulagés d'apprendre que le calvaire d'Evan Gershkovich, qui a duré 16 mois, devrait enfin prendre fin.
Nous attendons avec impatience des nouvelles de son retour sain et sauf aux États-Unis », a déclaré Rebecca Vincent, directrice des campagnes de RSF dans un communiqué transmis à l'AFP, ajoutant que l'ONG reste « profondément préoccupée par le maintien en détention de plus de 40 autres journalistes en Russie », dont la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva.
Des accusations d'espionnage
Les enquêteurs du FSB accusaient d'espionnage Evan Gershkovich. Après ses reportages dans l'Oural où se concentrent des usines d'armement. Des accusations d'espionnage pour le compte de la CIA, taxés d'absurde par son employeur, le Wall Street Journal.
L'arrestation d'un journaliste étranger, installé depuis 2017 et muni d'une accréditation en bonne et due forme, a choqué les confrères qui découvrent que plus personne n'est à l'abri en Russie. Cette première détention d'un journaliste occidental pour espionnage depuis la fin de la Guerre froide est très vite exploitée par le Kremlin.
Les autorités russes affichent rapidement leur intention d'utiliser le journaliste comme monnaie d'échange avec les États-Unis. Au micro du journaliste américain Tucker Carlson en février dernier, Vladimir Poutine avait suggéré de l'échanger contre Vadim Krasikov , un ressortissant russe incarcéré en Allemagne pour assassinat.
Depuis, les négociations se sont poursuivies dans l'ombre entre Washington et Moscou.
Alors qu'il est détenu dans la sinistre prison de Lefortovo, le Wall Street Journal n'a cessé de rappeler son cas et d'exiger sa libération.
Commentaires