Eaux en bouteille: Bruxelles décèle de «sérieuses lacunes» dans les contrôles en France
- Ludeny Phedjyna Eugene
- 27 juil. 2024
- 2 min de lecture

Le système mis en place par la France pour contrôler les eaux en bouteille est entaché de « sérieuses lacunes » et ne permet pas de garantir l'absence de produits frauduleux dans les rayons, a estimé la Commission européenne dans un audit publié mercredi 24 juillet. Bruxelles pointe notamment des inspections insuffisantes pour garantir une eau saine.
Bruxelles avait engagé cette procédure après des informations de presse évoquant en janvier de possibles infractions dans le secteur des eaux minérales naturelles, et a organisé une mission d'une dizaine de jours en mars. Selon ses conclusions, il existe bien en France un système de contrôle des eaux minérales naturelles et des eaux de source doté de procédures et de capacités de tests en laboratoire adéquates. Mais « dans son ensemble, le système de contrôle officiel ne vérifie pas efficacement que les eaux minérales naturelles mises sur le marché satisfont aux exigences légales en vigueur », estime l'audit.
Le système « n'est pas conçu pour détecter ou atténuer les fraudes dans le secteur des eaux minérales naturelles et des eaux de source et n'est pas non plus correctement mis en œuvre, ce qui rend possible la présence sur le marché de produits non conformes et potentiellement frauduleux », est-il ajouté.
L'audit déplore notamment des inspections insuffisamment ciblées sur les sites à risques et pas assez fréquentes ainsi qu'une « collaboration inadéquate au sein des autorités compétentes et entre elles ». Il met aussi en avant « l'absence de mesures de suivi immédiat » permettant de « garantir que les opérateurs remédient aux non-conformités telles que l'utilisation de traitements interdits » ou d'« éviter la mise sur le marché d'eaux minérales naturelles qui ne sont pas qualifiées comme telles ».
Nestlé Waters visée pour exploitation illégale de forages
Le scandale n'est pas que sanitaire, il est aussi environnemental. Car les dernières révélations du site indépendant Mediapart accusent l'entreprise Nestlé Waters d'exploiter illégalement des forages.
Sur les 20 dernières années, Nestlé Waters aurait pompé sans autorisation plus de 19 milliards de litres d'eau, selon Mediapart . Cela représente l'équivalent de 7 600 piscines olympiques. L'affaire concerne neuf forages, dont cinq utilisés pour les marques Contrex et Vittel. Ces eaux sont puisées dans les Vosges, dans l'est de la France. De son côté, Nestlé Waters se défend : « Tous nos forages sont connus, identifiés et autorisés », insiste l'entreprise. Nestlé Waters affirme également qu'elle « coopère pleinement » dans cette enquête.
Une filiale française du géant suisse de l'agroalimentaire Nestlé, qui puise en France l'eau des marques Perrier, Vittel, Hépar et Contrex, avait reconnu fin janvier avoir eu recours à des traitements de désinfection interdits (lampe UV, charbon actif) sur les eaux minérales pour maintenir leur « sécurité alimentaire ».
Enquêtes en cours
Une enquête préliminaire pour tromperie a été ouverte par le parquet d'Épinal à l'encontre de Nestlé Waters. La justice soupçonne en effet Nestlé Waters d'avoir utilisé des traitements illégaux pour purifier des eaux , ensuite commercialisées sous l'étiquette « eau minérale naturelle ». Le procureur d'Épinal, dans les Vosges, indique que les deux enquêtes sont toujours en cours.
Le groupe Alma, qui produit une trentaine de marques d'eaux en bouteilles en France dont Cristaline, Saint-Yorre et Vichy Célestins, fait aussi l'objet d'une procédure judiciaire pour des raisons similaires.







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