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Claudia Sheinbaum, une scientifique aux portes du pouvoir au Mexique

  • Photo du rédacteur: Ludeny Phedjyna Eugene
    Ludeny Phedjyna Eugene
  • 3 juin 2024
  • 3 min de lecture

Le Mexique vote ce dimanche pour de grandes élections générales. L’ancienne maire de Mexico, Claudia Sheinbaum, la candidate du parti au pouvoir, a toutes les chances de remporter la présidentielle face à sa rivale Xochitl Galvez, à la tête d'une coalition de droite. Portrait.


« C’est une personne très bien préparée, elle a fait de très bonnes choses à Mexico », affirme Angie Belites, une sympathisante de la capitale. « Elle sera la meilleure présidente des temps modernes, à l’égal d’Andres  Manuel Lopez Obrador [l'actuel président] », soutient Roberto Rodrigez, les bras tendus pour élever au-dessus de la foule une banderole à l’effigie de sa candidate pendant son dernier meeting. « Surtout, c’est une femme ! », s’exclame Maria García. Cette professeure des écoles espère beaucoup de l’élection de « la Docteure Claudia Sheinbaum ».


Candidate du Mouvement de régénération national (Morena), « Claudia » comme l’appellent ses partisans, est en effet très bien placée pour devenir la première femme présidente de la République mexicaine. Elle a terminé mercredi sa campagne, face à 500 000 personnes sur la place Zócalo de la capitale, où des dizaines d’écrans géants projetaient sa silhouette vêtue de bordeaux, couleur du Morena, jusque dans les rues autour. Elle a prononcé un discours lent et assuré, promettant la victoire le 2 juin, comme elle l’a toujours fait au long d’une campagne très bien maitrisée.


Du Giec à la mairie de Mexico


Claudia Sheinbaum Pardo, c'est avant tout une belle carrière dans les sciences. Passée par l’université de Berkeley en Californie, elle est diplômée de physique de l'Université nationale autonome du Mexique et possède un doctorat en ingénierie énergétique.


Professeure à l’université sur la question des énergies renouvelables, reconnue pour ses travaux, elle intègre en 2007 le Groupe d’experts intergouvernemental sur le changement climatique (Giec). Elle participe à la rédaction d’un rapport aux côtés de 600 chercheurs la même année où l’organisation est récompensée par un prix Nobel de la paix.

Née à Mexico en 1962, Claudia Sheinbaum est issue d’une famille juive intellectuelle fortement ancrée à gauche. Ses deux parents sont des scientifiques. Ses grands-parents, d’origine bulgares et lituaniennes, ont émigré au Mexique au cours des années 1920 et 1940.


Dans un film militant intitulé Claudia, le documentaire, sorti au début de sa campagne et réalisé par Rodrigo Imaz, fils de son premier mari, Claudia Sheinbaum raconte avoir grandi entre politique et milieu académique. En 1968, sa mère Annie Pardo, professeure de biologie, participe aux manifestations universitaires dont la répression fait plus de 300 morts.


À la fin des années 1980, Claudia Sheinbaum fait ses premiers pas dans le militantisme au sein des mouvements étudiants qui s’opposent aux politiques néolibérales du gouvernement. Mais elle embrasse véritablement sa carrière en politique lorsqu’elle rejoint Andrés Manuel López Obrador dans son accession à la mairie de Mexico en 2000. Elle devient alors la secrétaire à l’environnement du district fédéral. Aux côtés d’AMLO, elle participe à la fondation du parti Morena et occupe brièvement un poste à la délégation de Tlalpan à Mexico.


Puis en 2018, tandis que López Obrador se lance dans la course à la présidentielle, Sheinbaum se présente à la mairie de Mexico, et devient la première femme à occuper le poste de cheffe du gouvernement de la capitale.


Dans les pas d'AMLO


Elle est à l’origine de grands projets dans la ville, notamment dans le secteur de la mobilité. Elle inaugure ainsi plusieurs lignes de Métrobus et un téléphérique à l’est de la ville, connectant les quartiers populaires. Mais son mandat est aussi marqué par la tragédie de l’accident de la ligne 12 du métro en 2022 et la gestion difficile de la pandémie. Pendant sa campagne pour l’élection présidentielle, Claudia Sheinbaum a volontiers mis en avant ses résultats positifs à la capitale en matière de sécurité, affirmant, par exemple, être parvenue à y réduire le nombre d’homicides.


À l’issue de la primaire de son parti qui l’a désignée candidate, le président lui a remis le « bâton du chef », un sceptre traditionnel qui symbolise la relève à la tête du Morena. Depuis, elle promet, sur le plan national cette fois, de continuer sans dévier la transformation du pays initiée par son mentor.


« La grande question est de savoir si elle aura l'autonomie et les capacités de leadership pour poursuivre ce mouvement avec autant de succès politique », explique le politologue Jorge Zepeda. Il s’agit également de savoir si elle saura prendre son indépendance sur certains sujets comme la sécurité, grand échec de la politique d’AMLO qui a parié sur la militarisation du pays.


La candidate est aussi attendue sur la question environnementale car la politique actuelle s’est jusque-là concentrée sur les énergies fossiles. Pour Jorge Zepeda, Claudia Sheinbaum, qui possède une personnalité « assez catégorique et très ferme », se révèlera une fois élue présidente. Néanmoins, il anticipe qu’ « elle aura un style de présidence très différent de celui de López Obrador, moins axé sur le militantisme idéologique et plus orienté vers la gauche moderne ».

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