Chypre: une île divisée entre Chypriotes turcs et Chypriotes grecs depuis 50 ans
- Ludeny Phedjyna Eugene
- 16 juil. 2024
- 3 min de lecture

Lundi 15 juillet 2024, cela fait exactement cinquante ans que l’île de Chypre est divisée en deux. À l’époque, en 1974, un coup d’État renverse le président Makarios. Téléguidé par Athènes, il va être lourd de conséquences, puisqu’il entraîne, cinq jours plus tard, l’invasion du nord de l’île par les troupes turques. Depuis cette époque, l’île est divisée entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs.
Depuis le 15 juillet 1974, l’île de Chypre est divisée en deux. Pour comprendre comment le coup d’État a été possible, il faut revenir quelques années en arrière, en 1960. C’est à cette date que l’île de Chypre devient indépendante et s’émancipe de la domination de Londres, établie depuis le XIXᵉ siècle.
À Chypre, il y a alors deux communautés : une communauté majoritaire de Chypriotes chrétiens orthodoxes, d’origine grecque, et une minorité de Chypriotes musulmans, d’origine turque. Quand les colons britanniques s’en vont, des heurts éclatent rapidement entre les deux communautés.
Dès 1964, l’ONU crée donc une force chargée du maintien de la paix sur l’île. C’est de cette époque que date la ligne verte, qui est au départ une zone tampon, et qui va progressivement s’étendre et séparer l’ile en deux parties, entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs.
Le bouleversement du 15 juillet 1974
Mais ces deux communautés ne rêvent pas du même destin. Certains Chypriotes grecs sont favorables à l’époque à l’Énosis, c’est-à-dire à la réunion territoriale de Chypre avec la Grèce , un pays culturellement proche et considéré par beaucoup comme une sorte de mère patrie. Les Chypriotes turcs, qui craignent de devenir encore plus minoritaires, ne le voient pas du tout d’un bon œil. Ankara est aussi hostile à cette vision, par peur de perdre une zone d’influence en Méditerranée orientale.
Le coup d’État du 15 juillet 1974, orchestré par la junte au pouvoir à Athènes, a pour but d’imposer la réunion de Chypre à la Grèce, par la force. Avec notamment le soutien, sur place, des paramilitaires de l’EOKA (l’ « Organisation nationale des combattants chypriotes », qui combattait pour la fin de l’occupation britannique à Chypre et son rattachement à la Grèce), le palais présidentiel est attaqué.
Makarios, le président élu, est même déclaré mort, à tort, sur les ondes de la radio nationale.
Ce coup d’État va entraîner, quelques jours plus tard, l’invasion turque du nord de Chypre, au motif de défendre la minorité turcophone. Si le coup d’État appartient désormais à l’histoire ancienne, la division de l’île est, elle, toujours d’actualité.
Pas de résolution de la question chypriote en vue
La question chypriote est pour l’heure un conflit non résolu mais gelé. Plusieurs plans de paix ont échoué, à commencer par le. À l’époque, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan propose de créer une fédération chypriote pour réunir les parties turque et grecque de l’île. Ce plan est soumis au référendum mais est refusé par la communauté grecque, majoritaire sur l’île.
En l’état, la solution prônée par la communauté internationale serait toujours une fédération de deux États. Mais les Chypriotes grecs réclament pour cela le départ de l’armée turque du nord du pays, ce qui ne semble pas d’actualité. L’actuel dirigeant chypriote turc, Ersin Tatar , très proche d’Ankara, exclut pour l’heure tout plan de réunification de l’île.
Du fait des influences étrangères, à commencer par celles des voisins turc et grec, le peuple chypriote ne semble donc pas aujourd’hui avoir son destin en main. Et la conséquence, sur l’île, c’est que cinquante ans après la division, la réunification apparaît à présent comme une sorte de chimère .







Commentaires