Chine: la dette «cachée» des provinces, une inquiétude pour les finances publiques
- Ludeny Phedjyna Eugene
- 17 juil. 2024
- 2 min de lecture

En Chine, le troisième plénum du Parti communiste chinois se tient du 15 au 18 juillet. Un rendez-vous très fermé, lors duquel se décident habituellement les grandes orientations de la politique économique du pays pour les années à venir. Cette année, la dette colossale des provinces chinoises figure parmi les sujets de préoccupation.
Selon le Fonds monétaire international (FMI), la dette des provinces chinoises a dépassé 92 000 milliards de yuans (soit environ 12 600 milliards de dollars). Cette estimation inclut une part de dette cachée, contractée via des intermédiaires financiers (les « véhicules de financement des gouvernements locaux »), pour que ces emprunts n’apparaissent pas dans les comptes officiels des provinces. Une question au cœur du troisième plénum du Parti communiste chinois , qui se tient jusqu'au 18 juillet.
« Le système de financement des gouvernements locaux est assez opaque », explique Mary-Françoise Renard, professeure émérite à l’université Clermont-Auvergne et auteure de La Chine dans l'économie mondiale (Presses universitaires Blaise Pascal, 2021).
Parcs d'attraction déserts
Pour financer de grands projets d'infrastructures et faire face à la crise du Covid-19 , les provinces ont dépensé sans compter. Ces dépenses très importantes s’expliquent aussi par la compétition entre les gouvernements locaux. « Les gouverneurs sont nommés par le gouvernement central en fonction de leurs résultats économiques, souligne Mary-Françoise Renard. Cette concurrence les a conduits à engager des dépenses extrêmement importantes en matière d'infrastructures, par exemple, et y compris parfois des surinvestissements, pour financer artificiellement de la croissance. »
Ces investissements ont permis de construire des routes, des ponts, mais aussi des parcs d’attraction dont certains restent déserts aujourd’hui. Le FMI estime que d’ici à 2027, la dette totale des provinces chinoises dépassera 100% du PIB du pays.
Risques de défauts de paiement
« Depuis plusieurs années, Xi Jinping lui-même et le gouvernement chinois s’inquiètent de ce système [de dette cachée, NDLR], y compris publiquement », constate Mary-Françoise Renard. Des réformes ont été annoncées, notamment pour supprimer les véhicules de financement des gouvernements locaux. Mais ils n’ont jamais abouti ou n’ont pas été efficaces. « Les recettes des gouvernements locaux sont insuffisantes par rapport à la charge de dépenses qu'ils ont à faire », précise la chercheuse, pour qui « une réforme d'ampleur des finances publiques » est nécessaire.
En raison de la crise du secteur immobilier , les logements ne trouvent plus preneurs et les terrains qui, auparavant, étaient vendus par les provinces pour garantir leurs emprunts, ont perdu de la valeur. Certaines provinces, très endettées, pourraient se retrouver en défaut de paiement, même s’« il n’y a pas à craindre de risque systémique », estime Mary-Françoise Renard, car seule une petite part de la dette chinoise est détenue par des acteurs financiers étrangers.







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