Bangladesh: une organisation étudiante appelle à reprendre les manifestations dans tout le pays
- Ludeny Phedjyna Eugene
- 30 juil. 2024
- 3 min de lecture

Un groupe d'étudiants bangladais a appelé à la reprise des manifestations lundi 29 juillet, ses revendications ayant été ignorées par la Première ministre Sheikh Hasina après des troubles qui ont fait 205 morts. Le gouvernement a déclaré, la veille, que sa police avait fait preuve de retenue pendant le mouvement, mais qu'elle a été « forcée d'ouvrir le feu » sur des manifestants. Cela pour tenter de protéger des bâtiments gouvernementaux lors des troubles meurtriers de la semaine dernière.
« Le gouvernement continue à faire preuve d'une insensibilité totale à l'égard de notre mouvement », a déclaré Abdul Kader, l'un des coordinateurs d'Étudiants contre la discrimination, l'organisation à l'initiative du mouvement de contestation contre les quotas d'embauche dans la fonction publique au Bangladesh . « Nous lançons un appel à manifester dans tout le pays », a lancé Abdul Kader, avant d'ajouter : « Nous demandons à tous les Bangladais de faire preuve de solidarité vis-à-vis de nos revendications et de se joindre à notre mouvement. »
Après un moratoire d'une semaine du mouvement à la suite de violences, les membres d'Étudiants contre la discrimination avaient menacé dimanche dernier de reprendre les manifestations si le gouvernement continuait d'ignorer leurs revendications. Ils exigent la libération de leurs dirigeants arrêtés par la police, au moins six, des excuses publiques de la part de Sheikh Hasina pour le « massacre d'étudiants », le renvoi de plusieurs ministres, ainsi que la réouverture des écoles et des universités du pays. Celles-ci ont été fermées au plus fort de la crise.
La police « forcée d'ouvrir le feu » lors des manifestations
Les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre et la répression meurtrière des autorités ont fait au moins 205 morts depuis que ce mouvement a vu le jour début juillet, selon un décompte de l'AFP à partir des données de la police et des hôpitaux. Pour rétablir l'ordre, le gouvernement de Sheikh Hasina a notamment déployé l'armée, instauré une coupure nationale d’internet et un couvre-feu à travers le pays.
Selon le gouvernement, la police du Bangladesh aurait fait preuve de retenue, mais a été « forcée d’ouvrir le feu » sur des manifestants. Cela pour tenter de protéger des bâtiments gouvernementaux lors des troubles meurtriers de la semaine dernière. « Malgré le meurtre de leurs collègues », les policiers « ont fait preuve d'une patience extrême », a déclaré dimanche le ministre de l'Intérieur Asaduzzaman devant des journalistes. « Mais quand ils ont vu que les bâtiments ne pouvaient être protégés, les policiers ont été forcés d'ouvrir le feu », a-t-il ajouté.
Au moins 9 000 arrestations
Lundi 29 juillet, des troupes patrouillaient toujours et le couvre-feu restait en vigueur même s'il a été progressivement assoupli. Cette dernière mesure est un signe que le gouvernement considère que l'ordre a été en grande partie rétabli. Le ministre des Télécommunications, Zunaid Ahmed Palak, a annoncé dimanche le rétablissement de l'internet mobile dans l'après-midi, après plus d'une semaine de coupure.
Selon Prothom Alo, le plus grand quotidien du Bangladesh, au moins 9 000 personnes ont été arrêtées dans tout le pays depuis le début de la contestation étudiante. Il s'agit de l'un des pires soulèvements qu'a connus le Bangladesh depuis que Sheikh Hasina est redevenue Première ministre en 2009, après avoir déjà exercé ces fonctions de 1996 à 2001.
La contestation a commencé après la réintroduction en juin d'un régime réservant à certains candidats plus de la moitié des emplois de la fonction publique, dont près d'un tiers aux descendants d'anciens combattants de la guerre d'indépendance du Bangladesh.
Dans ce pays comptant quelque 18 millions de jeunes sans travail, selon les chiffres officiels, ce système a déclenché la colère des diplômés.
Selon ses détracteurs, ces quotas visent à réserver des emplois au sein de la fonction publique aux proches de la Ligue Awami, le parti de la Première ministre. La Cour suprême a réduit de manière drastique , dimanche 21 juillet , le nombre des postes ainsi réservés. Mais les manifestants exigent que ce système soit purement et simplement aboli. Ils exigent aussi le départ du gouvernement de Sheikh Hasina.







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