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Bangladesh: «Ce mouvement a pour objectif de renverser Sheikh Hasina»

  • Photo du rédacteur: Ludeny Phedjyna Eugene
    Ludeny Phedjyna Eugene
  • 25 juil. 2024
  • 3 min de lecture

Après trois semaines de manifestations d’abord pacifiques contre les quotas d'embauche dans la fonction publique qui ont dégénéré par la suite en violences meurtrières, le calme semble être revenu au Bangladesh. Les autorités devraient officiellement accepter ce mardi la décision de la Cour suprême visant à annuler en grande partie ce système de quotas controversé.


Après cinq jours de coupure d’internet, le ministre des Télécommunications a également indiqué le rétablissement ce mardi soir du haut débit, sans toutefois mentionner l’internet mobile. L’éruption de la violence dans tout le pays, avec au moins 174 morts, plusieurs milliers de blessés et plus de 2 500 arrestations, laisse un goût amer au mouvement étudiant et à l’opposition bangladaise. Entretien avec A K M Wahiduzzaman, le secrétaire de l’information et des technologies du BNP, le Parti nationaliste du Bangladesh.


Quel bilan tirez-vous des évènements de ces dernières semaines au Bangladesh ?


A K M Wahiduzzaman : La situation est dramatique. En compilant les données des hôpitaux, les médias ont rapporté un bilan de 174 morts. Or, de nombreuses personnes ont été victimes d'exécutions sommaires. Le couvre-feu, le blocage des transports, d'internet et des télécommunications, n’a pas permis de comptabiliser les victimes dont les corps ont été inhumés par les familles localement. En outre, environ 5 000 personnes ont été blessées par des balles réelles ou en caoutchouc, mais elles ne sont pas en mesure de se rendre à l'hôpital pour se soigner, car elles risquent d'être arrêtées par la police. Actuellement, la police, les forces paramilitaires et les organisations étudiantes du parti au pouvoir procèdent à des fouilles de porte-à-porte. La situation est tout simplement terrible.


De toute ma vie, je n'ai jamais vu un tel déchaînement de violence au Bangladesh. Même les plus anciens reconnaissent n'avoir jamais vécu une telle barbarie depuis 1971 et la guerre de libération.


Les autorités ont accusé le parti de l’opposition, votre parti, d’avoir orchestré ce mouvement de protestation à Dacca et dans plusieurs autres villes et universités du pays. Que leur répondez-vous ?


Les manifestations étudiantes ont commencé lorsque la Cour suprême a réintroduit le système de quotas [en juin, NDLR]. Ces rassemblements étaient pacifiques et sans aucun doute spontané. Mais lorsque les étudiants ont été violemment réprimés par les forces de l'ordre et les forces gouvernementales, faisant six morts parmi les étudiants, le BNP a protesté. Et aujourd'hui, le gouvernement cherche à politiser ce mouvement étudiant en rejetant la responsabilité sur le BNP et d'autres partis politiques. Ils ont arrêté des membres du BNP chez eux afin de politiser ce mouvement.


À présent, notre président Tarique Rahman appelle tous les militants du parti et la population à rejoindre les étudiants. Ce mouvement a pour objectif de renverser Sheikh Hasina. On assiste à un soulèvement auquel prend part toute la population, mais avec les coupures d’internet et des télécommunications, nous ne voyons pas ces images à l’extérieur.


De nombreuses organisations internationales des droits de l’homme dénoncent un usage excessif de la force à l’encontre des manifestants. Comment expliquez-vous cette vague de violence ?


Au Bangladesh, il faut distinguer d’un côté l’armée qui ne tire pas et de l’autre la police et les forces paramilitaires, communément appelées RAB (le Bataillon d’Action Rapide), qui elles tirent sur les manifestants. Cette unité d’élite paramilitaire est responsable d’exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées. À l’international, on qualifie ces forces « d’escadrons de la mort », elles sont sous le coup de sanctions du Trésor américain.


Peu de gens savent ce qu’il se passe au Bangladesh. Sheikh Hasina a introduit plusieurs outils pour contrôler l’opposition. À titre d’exemple, et selon des organisations indépendantes comme Human Rights Watch ou Amnesty International, plus de 700 personnes sont victimes de disparitions forcées au Bangladesh. Il s’agit de chiffres officiels, mais de nombreuses familles ne déclarent pas les disparitions par peur de représailles. Et plus de 3 000 personnes ont été victimes d’exécutions sommaires. Ce sont des crimes contre l’humanité.


Sheikh Hasina a détruit toutes les institutions constitutionnelles du pays, comme la justice, la commission des services publiques ou la police, elle a tout détruit et s’est entouré de personnes loyales et corrompues, comme les hauts responsables de l’armée de la police et des forces paramilitaires. Avec leur aide et le soutien de pays voisins que je ne nommerai pas ici, elle exerce son pouvoir autoritaire. Les manifestations ne s’arrêteront pas, il y aura encore des morts, mais une seule solution existe : Sheikh Hasina doit partir ! 


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