États-Unis: Elon Musk veut déplacer les sièges de X et SpaceX au Texas

C’est une nouvelle sortie remarquée du milliardaire américain Elon Musk. Mardi 16 juillet, il a annoncé vouloir déplacer le siège social des entreprises X et SpaceX, de la Californie au Texas. En cause : une loi de l’État visant à protéger les élèves transgenres. L’entrepreneur y voit une « attaque [d]es familles et [d]es entreprises ». Mais derrière ces prises de positions politiques ultra-conservatrices, se cache également une stratégie financière.

Exit la Californie, le siège social des entreprises phares d’Elon Musk SpaceX et X, va être déplacé au Texas. C’est en tout cas ce qu’il a garanti, mardi 16 juillet, en réaction à une loi visant à lutter contre les discriminations des personnes transgenres dans l’État californien.

Ce texte, promulgué la veille par le gouverneur démocrate Gavin Newsom , interdit notamment au personnel scolaire de divulguer à qui que ce soit des informations sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’un élève sans son consentement. La Californie devient ainsi le premier État à interdire les révélations forcées.

Mais la mesure n’est pas au goût du milliardaire américain, qui s’est récemment illustré par ses positions ultraconservatrices et son soutien à Donald Trump . Il a d’ailleurs promis au candidat républicain d’investir 45 millions de dollars par mois dans sa campagne.

« La bascule vers son côté conservateur, voire d’extrême-droite, se fait pendant la crise du coronavirus. Elon Musk tient des propos hallucinants contre les confinements imposés par l’État de Californie, pour endiguer la pandémie. À cette époque, déjà, il déplace le siège de Tesla au Texas », analyse Boris Manenti, auteur d’Elon Musk, le bonimenteur aux éditions du Rocher et rédacteur en chef du service économie de l’hebdomadaire français Le Nouvel Obs.

Derrière les discours, l’appât du gain

Mais derrière ces argumentaires politiques, les choix d’Elon Musk sont surtout dictés par la recherche du profit. La menace de déménager le siège de SpaceX au Texas n’est d’ailleurs pas une première . En février, le richissime patron s’agace d’une décision de justice du Delaware, où est implantée l’entreprise. La Delaware Chancery Court (DCC), l'une des trois cours constitutionnelles de l'État, spécialisée dans le droit des affaires, rend un jugement rejetant son plan de rémunération de 56 milliards de dollars chez Tesla.  

« En réalité, ces déplacements sont guidés par des logiques purement économiques. Le Texas est devenu l’Eldorado fiscal pour les sociétés. Il n’y a pas d’impôt sur les sociétés, ni d’impôts sur le revenu et les locaux coûtent moins chers qu’en Californie. La seule contrainte fiscale est l’impôt fédéral », explique Boris Manenti.

Le business SpaceX

Le personnage politique d’Elon Musk est également une opportunité pour ses affaires. En 2002, Elon Musk se lance à la conquête du ciel, en créant son entreprise SpaceX, spécialisée dans l’astronautique et le vol spatial.

« SpaceX n’est pas une entreprise comme les autres, où l’objectif serait de vendre en grande quantité. Là, ce sont de gros contrats, mais à raison de seulement quelques-uns par an. Pour signer ces contrats, il y a beaucoup d’entregents, de diplomatie, de rencontres officielles. C’est comme cela qu’Elon Musk va se tailler un personnage public et politique et s’entourer de personnalités d’extrême-droite », poursuit Boris Manenti. Devenu une personnalité publique, Elon Musk ne cesse de se mettre en scène. « C’est par son image qu’il peut mener ses entreprises. C’est comme cela qu’il arrive à rassembler 44 milliards pour racheter Twitter , c’est comme cela, qu’il mène SpaceX dans des négociations compliquées avec l’État américain. C’est par son image que son empire tient. »

Une histoire personnelle marquée par l’obsession anti-woke

Pour autant, ces positions conservatrices ne sont pas simplement opportunistes et peuvent être reliées à son histoire personnelle. Né en 1971 à Pretoria , Elon Musk grandit en Afrique du Sud en plein apartheid. « Il évolue dans un milieu afrikaner, privilégié, où le culte de la masculinité et de la puissance blanche prime. Ces fondements rejaillissent aujourd’hui », développe ce spécialiste.

Plus récemment, le milliardaire a été marqué par la rupture familiale avec sa fille transgenre, qui a fait, en même temps que sa demande de changement de genre, une demande de changement de nom afin de ne plus être associée à son père. Un évènement qui aurait accentué son obsession « anti-woke », selon sa biographie officielle, écrite par Walter Isaacson.