Un «polluant éternel» retrouvé massivement dans les eaux potables européennes
- Ludeny Phedjyna Eugene
- 12 juil. 2024
- 3 min de lecture

Une étude menée par le Pesticide Action Network (PAN Europe) révèle une contamination généralisée de l'eau potable en Europe. Sur les 36 échantillons d'eau du robinet provenant de 11 pays européens, 34 contenaient du TFA (Acide Trifluoroacétique), un polluant chimique éternel contenu dans les pesticides. Ce polluant n'était, jusqu'à présent, pas pris en compte dans les analyses de l'eau et a donc échappé à toute limitation légale dans l'Union européenne.
Les PFAS continuent de faire parler d'eux. Un produit chimique très persistant, l'acide trifluoroacétique (TFA), a été détecté dans un large échantillon d'eaux potables européennes, selon des associations qui réclament des normes strictes sur ce produit issu de la dégradation des « polluants éternels » dans certains pesticides et gaz réfrigérants. Après une étude en mai sur la contamination très étendue des rivières et des lacs par le TFA , le réseau européen d'action sur les pesticides (PAN Europe) et ses membres, dont Générations futures en France, ont cette fois fait analyser des prélèvements d'eau potable provenant de 11 pays de l'UE.
Conclusion des analyses menées par le Centre technologique de l'eau de Karlsruhe (Allemagne) : le TFA est détecté dans 34 des 36 échantillons d'eau du robinet sélectionnés et dans 12 des 19 échantillons d'eaux minérales ou de source, selon les résultats publiés mercredi .
La concentration moyenne dans l'eau potable était de 740 nanogrammes par litre et de 278 ng/L dans les eaux en bouteille, inférieure aux 1.220 ng/L détectés en moyenne dans les échantillons des cours d'eau de la précédente étude.
Peu d'idée sur le seuil de nocivité
Ces concentrations sont-elles nocives pour la santé ? Trop peu d'études ont encore été menées, dénoncent les associations qui mettent en avant la proposition de l'Institut national de la santé publique et de l'environnement néerlandais de fixer une norme à 2 200 ng/L. Ce seuil a été dépassé dans une eau minérale analysée et dans un échantillon d'eau potable d'Autriche (4 100 ng/L). À Paris, l'eau du robinet analysée en contenait 2 100 ng/L et à Metz la concentration relevée était de 500 ng/L. « C'est inquiétant de détecter de façon aussi généralisée une substance, alerte Salomé Roynel de PAN Europe. Elle trouve son chemin n'importe où en Europe. Et oui, les niveaux sont inquiétants, c'est une substance très stable qui s'accumule dans nos environnements. (...) Il faut se montrer extrêmement précautionneux et interdire cette substance », martèle-t-elle.
L'UE a fixé une limite, à partir de 2026, de 500 ng/L pour l’ensemble des PFAS , qualifiés de « polluants éternels », et les ONG réclament que le TFA soit ajouté à la liste. « L'Agence allemande chargée des produits chimiques a récemment proposé de classer le TFA comme toxique pour la reproduction », selon le rapport, qui cite une étude du géant de la chimie Bayer démontrant « de graves malformations fœtales» sur les lapins.
Certes, les niveaux de TFA détectés « semblent toujours être dans les limites sûres selon les connaissances actuelles », mais les apports « augmentent quotidiennement », « le tampon de sécurité est déjà très réduit » et « nous sommes déjà indûment exposés à d'autres PFAS » déclare Helmut Burtscher-Schaden, chimiste de l'environnement de l'ONG Amis de la Terre Autriche. Les associations demandent une interdiction rapide des pesticides PFAS et des gaz réfrigérants et une restriction générale de l'utilisation des polluants éternels.







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