Législatives en France: les enjeux de santé publique s'invitent dans la campagne
- Ludeny Phedjyna Eugene
- 6 juil. 2024
- 3 min de lecture

C'est l'une des grandes inquiétudes des Français : leur accès aux services de santé. Le gouvernement a reconnu en 2023 que 87 % du territoire était un désert médical. L'offre est très inégalement répartie, souvent trop absente des zones rurales et des banlieues. Il aura pourtant fallu attendre les dernières heures de la campagne de ces législatives anticipées pour que la thématique s'impose. Les réponses à la problématique sont assez succinctes dans les programmes des trois blocs, présents au second tour.
Lutter contre la désertification médicale et les pénuries de médicaments ou renforcer l’hôpital : voici les principales propositions des trois principaux blocs en lice lors des législatives en matière de santé.
Déserts médicaux : différentes visions pour les résorber
Le camp présidentiel veut faire passer à 16 000 le nombre d’étudiants en médecine (deuxième année) en 2027, contre presque 11 000 aujourd’hui. Les macronistes souhaitent poursuivre le mouvement de délégations d’actes médicaux à d’autres professions (vaccination par les pharmaciens, adaptation de la prescription de lunettes par des opticiens...) pour atteindre une vingtaine d’actes délégués.
Le Nouveau Front populaire défend pour sa part une volonté de « réguler l’installation dans les déserts médicaux et rétablir des permanences des soignants libéraux [gardes, NDLR] dans les centres de santé ». Il souhaite aussi « conditionner l’ouverture des cliniques privées à la participation à la permanence de soins et à la garantie d’un reste à charge zéro » pour le patient.
Le Rassemblement national, arrivé largement en tête du premier tour et le mieux placé pour concrétiser ses projets, veut un « allègement des dispositifs de cumul emploi-retraite pour les médecins et les infirmiers », pour inciter ceux-ci à continuer à travailler. Il veut aussi supprimer l’impôt sur le revenu tiré de leurs activités. Le Rassemblement national prévoit aussi d’augmenter le nombre d’étudiants en médecine et « renforcer le soutien aux proches aidants. »
Hôpital : des recrutements pour les uns, des réductions de structures pour les autres
Le Nouveau Front populaire prévoit d’engager « un plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et du médico-social », et de « lancer le rattrapage des postes manquants » à l’hôpital public.
Le RN veut réduire le poids des services administratifs dans les hôpitaux (à moins de 10 % des effectifs) et supprimer les Agences régionales de santé.
Le camp présidentiel, de son côté, a inclus dans son programme des cent premiers jours le « déploiement d’un service d’accès aux soins dans 100 % des départements. »
À noter que la montée du RN inquiète les médecins étrangers et les hôpitaux publics . Alors que le Rassemblement national (RN) est arrivé largement en tête du premier tour des législatives, la perspective de voir l’extrême droite remporter la majorité absolue inquiète à l’hôpital, car le parti d’extrême droite a inscrit dans son programme le principe de la « préférence nationale », qui vise notamment à réserver certains emplois aux ressortissants français. Or l’hôpital public dépend très fortement des médecins étrangers : d’après les chiffres du Conseil national de l’Ordre des médecins, 27 % des médecins à l’hôpital ont été formés hors de France.
Protection sociale : mutuelle à un euro, recrutement et revalorisation salariale
Le camp macroniste propose de créer une offre de mutuelle publique à 1 euro par jour, sous la forme d’un élargissement de la complémentaire santé solidaire assurée par l’Assurance maladie.
Il propose également le remboursement intégral des fauteuils roulants, électriques et manuels, pour les personnes en situation de handicap moteur - une mesure déjà annoncée par l’exécutif, et en cours de concrétisation.
Dans le cadre d’une « grande loi santé », le Front populaire a pour sa part inscrit dans ses engagements un « plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et du médico-social (médecins, infirmiers, aides-soignants, personnels administratifs) et de revalorisation des métiers et des salaires ».
Médicaments : la lutte contre la pénurie par des obligations de stock ou la vente des médicaments à l’unité
Le Nouveau Front populaire demandera à la diplomatie française de « défendre la levée des brevets sur les vaccins et les moyens médicaux de lutte contre les pandémies ». Face aux pénuries de médicaments, l’union de la gauche veut créer un « pôle public du médicament, avec un renforcement des obligations de stocks ».
Le Rassemblement national veut un « plan d’autonomie stratégique » sur les médicaments et « mettre en place, à l’horizon 2026, la vente de médicaments à l’unité pour lutter contre les pénuries et le gaspillage. »
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